Avec la paix retrouvée, la théorie économique et quelques sociologues permirent à nouveau d'évacuer cette chimère délirante, qui ne revint sur le devant de la scène qu'avec l'irruption de l'âge digital et de la "toile d'araignée mondiale" : l'Internet. On doit aux auteurs d'anticipation et de politique-fiction l'essentiel de cette résurgence : ils avaient compris très vite quelle tyrannie du contrôle ce nouvel outil numérique était en mesure de fournir aux pouvoirs politiques. Et il semble bien qu'ils ne se soient pas trompés…
Hélas oui, aujourd'hui, tout est en place pour faire de la théorie du complot une explication satisfaisante de la folle course de ce monde vers l'abîme : l'internet et la cryptographie numérique ; l'accumulation de plus en plus de richesses et de pouvoirs en de moins en moins de mains ; le contrôle de chaque individu par le programme "Echelon" et le traitement des "big-data" par des intelligences artificielles ; une mondialisation économique qui standardise la politique des états et le consumérisme des individus ; des "passes sanitaires" pour contrôler vos allées et venues ; bientôt une puce pour vous télécommander ; enfin la télévision et les media, propriétés quelques milliardaires, qui diffusent toujours et partout le même message hypnotique : "obéissez, taisez-vous, on s'occupe de tout". Ce "complot" n'est finalement que la défense bien comprise des intérêts d'une caste qui risquerait fort de perdre la tête si elle perdait le pouvoir...
Il est tout aussi stupide de voir des complots partout que de n'en voir nulle part ; à l'heure où l'impunité des conspirateurs leur permet même de montrer en pleine lumière leurs véritables objectifs et leurs méthodes ignobles, sans aucun risque de les compromettre. Il s'agit simplement de maintenir l'asservissement d'une masse de pauvres afin qu'elle continue de produire la vie rêvée d'une minorité de riches. Rien d'autre. Ce que Debord avait d'ailleurs fort bien théorisé à la fin des années 80 :
La "bonne marche" du spectacle, la finalité de ce complot, auquel nous participons chacun à notre place, consiste à transformer ce monde en diverses marchandises, les marchandises en monnaie, la monnaie en colonnes de chiffres.
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