mardi 12 octobre 2021

Au futur pétrifié

Un quarteron de milliardaires a pris l'humanité en otage et s'apprête à décider de son sort, de notre avenir commun.

Ils n'ont pour cela pas plus de légitimité qu'un paysan du Penjab ou qu'une restauratrice d'Argentine.

Mais ils le peuvent.

Une organisation économique patiemment mise en place par les plus riches, et favorisant toujours les plus favorisés, a abouti à ce que les circuits de la richesse convergent vers un nombre restreint de comptes bancaires, dont certains ont, structurellement, pu accumuler des quantités pharaoniques : ce sont les comptes des hyper-riches, ces gens dont les noms ne sont vénérés que par les pauvres naïfs qui rêvent d'être à leur place.

La confiscation par la minorité opulente de la monnaie, grâce au casino boursier et au bonneteau législatif, a donc créé des bulles gigantesques ici, des pénuries atroces là-bas. Les quelques opulences qui en sont les bénéficiaires ont décidé, souverainement, que le sort les avait ainsi désignés, eux et personne d'autre, pour prendre selon leur bon vouloir la direction de la planète Terre et de ses habitants. Il s'agit de monarques d'un type nouveau : les « ploutocrates ».

Ils ont partout choyé des politiciens, des magistrats, des économistes, bref des ambitieux, pour que les législations nationales éparses puissent converger afin d'établir une mondialisation de l'économie dont les structures leur serait éternellement profitables.

Pour faire admettre cette iniquité révoltante – en restant à l'abri des révoltes – ils ont acheté tous les media de forte influence, tous les leaders d'opinion et saltimbanques en manque de reconnaissance narcissique, qui déversent quotidiennement sur les antennes leur message rassurant et soporifique : « produisez des richesses pendant que nous décidons de leur utilisation ».

Le bât blesse évidemment dès que l'on constate que « leur utilisation » n'est pas du tout la même pour ceux, nombreux, qui produisent ces richesses que pour ceux, rares, qui les accaparent : les premiers veulent vivre décemment ; les autres pérenniser leur privilèges.

Il y a donc bien une guerre des riches contre les pauvres – sinon comment rester riches ? - qui se traduit désormais non plus par le consensus dit « démocratique » des trente glorieuses, période faste de l'après-guerre, mais par une domestication obtenue par la privation de culture et l'abrutissement médiatique, par une confiscation nouvelle, après celle de la monnaie, de la connaissance et des espaces vitaux : celle du temps libre et de l'information crédible.

Cette confiscation a pour but d'empêcher tout discours ou action revendicatrice par l'impossibilité de disposer des outils nécessaires à leur élaboration.

Il est donc apparemment possible d'acheter l'avenir – ce qui toujours été l'obsession des riches – mais qui se hasarderait à le prédire ?..

La domestication de l'espèce humaine dominée par une minorité opulente conduira-t-elle au parcage et à l'extermination de la majorité ?

Ou bien la majorité comprendra-t-elle enfin que vouloir « devenir riche » c'est vouloir que d'autres « restent pauvres », c'est vouloir consommer, donc détruire la planète, et la raison humaine posera-t-elle enfin l'équation salvatrice, qui démontre que «  Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune » ? Ainsi que l'avaient si bien écrit les révolutionnaires de 1789, dans un déclaration restée célèbre, et universelle ?


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