samedi 6 mai 2017

L'ultra-libéralisme veut-il notre mort ?

Les politiques de l'Union Européenne, qui dictent leur conduite aux gouvernements nationaux, se construisent sur une idéologie économique unique, le "libéralisme", majoritaire au sein des partis de droite. Les partis de gauche, qui eussent préféré un social-libéralisme, voire un authentique socialisme garantissant l'égalité des citoyens, sont partout en déroute.
Les partis libéraux, forts de leurs succès électoraux vont pouvoir accélérer leur emprise sur l'appareil européen, et l'aboutissement logique de leurs efforts sera l'instauration du second étage de la fusée libérale : l'ultra-libéralisme.

Si on sait depuis Adam Smith ce qu'est la théorie libérale en économie, on se réfère généralement à Margaret Thatcher et à Ronald Reagan pour visualiser ce que sont les politiques ultra-libérales : dérégulation financière, abaissement des barrières douanières, réduction de l'intervention des États, privatisation des services publics, limitation du champ démocratique (pour plus de précisions économiques, voir l'école autrichienne, ses élèves, ses disciples).

Le but du libéralisme était de produire le bien-être de tous par la prospérité, en laissant agir la "main invisible du marché", et en faisant "ruisseler" cette prospérité de haut en bas.

Le but de l'ultra-libéralisme est tout autre : il s'agit de pousser jusqu'à ses limites la captation des richesses par une petite classe d'individus, déjà suffisamment riche pour pouvoir confisquer la monnaie et orienter son usage, déjà suffisamment puissante pour définir partout ce qu'est le droit ; in fine, pour se séparer du reste de l'appareil économique et juridique auquel se soumet le reste de l'humanité.

On pouvait critiquer le libéralisme en montrant qu'il s'apparentait à la prédation d'un renard dans un poulailler. On constatera que les ultra-libéraux se contentent de vouloir posséder l'intégralité du monde et de ses habitants.


L'ennemi de l'ultra-libéralisme est également le pourvoyeur de sa puissance : le peuple, le citoyen, le travailleur. Si la classe possédante passe parfois de mauvaises nuits, c'est qu'elle se sait à la merci d'une masse immense qui la déteste. Elle a jusqu'ici réussi à élever des digues et des remparts pour s'en protéger mais l'idéal ultra-libéral ne sera atteint que lorsque cette masse ne constituera plus une menace, qu'elle aura purement et simplement disparu.

La période étrange que nous vivons actuellement est la mise en œuvre de cette disparition.

Il faudra commencer par accumuler le plus de richesse possible dans le moins de mains possibles, afin d'en avoir le plus parfait contrôle (moins de cent personnes devront posséder plus que la moitié la plus pauvre des sept ou huit milliards d'humains). Il faudra utiliser toutes les ressources humaines et techniques pour diminuer le nombre de "producteurs de richesses" (par le chômage, la robotisation, la paupérisation, le suicide...). Puis, plus la manœuvre deviendra apparente, plus il faudra utiliser la classe médiatique, le divertissement et la désinformation pour détourner les soupçons, et entretenir la cécité, attiser les dissensions au sein de la multitude.

Et puis, quand tout l'appareil de production sera automatisé, robotisé, numérisé, il deviendra possible – enfin ! – d'éliminer totalement cette "charge sociale" si dangereuse et si pesante, devenue si inutile...

Évidemment, tout ça est un rêve, un rêve de riches, qui ne réalisera jamais !
Non pas parce qu'il faudra toujours faire travailler les pauvres pour que la classe oisive puisse continuer à l'être.
Non pas parce que les classes dominantes ont besoin de dominer d'autres classes pour se sentir exister. Même pas parce qu'un jour viendra où l'idéal de fraternité descendra sur l'humanité enfin réconciliée. Non, rien de tout ça.

Mais parce que viendra fatalement le moment, imprévisible, insoupçonnable, où, pendant que vous dormirez après avoir bu trop de Champagne ou de Daïquiri sur vos plages immaculées, ou trop festoyé dans les superbes clubs de vos cités sublimes, nous nous introduirons, nuitamment, silencieux, invisibles, dans vos palais de nababs.
Et nous vous dévorerons vivants, vous et vos enfants !

Nous avons déjà commencé à saper vos remparts, nous creusons déjà sous vos digues.

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